Atelier du 8 octobre 2009.
La contrainte : Description d'un état intérieur d'attente méditative avec très peu d'action.
Plus qu'une heure. la dernière heure rien que pour moi ce soir.
Mon heure préférée, celle où l'on me laisse seule, où l'on respecte mon besoin de concentration.
Il me faut bien cette heure pour évacuer mes états d'âme, pour faire place nette dans le quotidien et me focaliser sur le spectacle à venir.
Respirer.
Cette boule dans mon ventre, ce trac que je ressens malgré de nombreuses heures de représentation, cette peur en fait il faut que je la dompte.
Silence dedans et les petits bruits sourds du dehors pour m'aider à prendre la distance.
J'aime vivre ce moment dans une semi-pénombre qui laissera bientôt place aux ampoules vives de la scène.
J'en profite pour me la remémorer lentement cette scène, la maîtriser, en visiter dans l'esprit chaque recoin et le l'approprier afin de m'y sentir en sécurité.
Respirer.
Doucement sentir l'air pénétrer mes poumons, l'habituer à prendre la place limitée par le costume. le visualiser cet air souverain qui portera bientôt ma voix jusqu'au dernier rang des spectateurs.
M'éloigner progressivement de moi-même. Investir les sinuosités de sa vie à elle. cela aussi me permet de distancer ma peur, car finalement ce ne sera pas moi que je mettrai en danger.
Comme je le redoute cet instant fugace des premiers pas à découvert! cette fraction d'éternité pour laquelle je mobilise tant d'énergie!
Petit à petit, les bruits autour se font plus présents.
Je sens que d'un instant à l'autre le metteur en scène viendra me faire signe et vérifier que je suis prête.
Respirer.
Ne pas laisser l'appréhension me paralyser.
je le connais le bonheur d'être sur scène, faut-il tant redouter de trébucher?
Je l'aime aussi cette angoisse, comme si elle était à présent le gage que tout se passerait bien, comme si sans elle je risquais de ne pas être assez prête à me donner.
car finalement il s'agit bien de cela : dans quelques minutes je vais laisser mon corps entre les mots de la Reine d'Espagne, je ne vais plus m'appartenir, je serais comme somnanbule au service du texte de Victor Hugo.
Et cela, je ne peux le faire si je ne vis pas d'abord cette heure en moi.
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