dimanche 18 avril 2010

Exercices pour débloquer l’imaginaire et faire la nique à la page blanche #1

Atelier du 15/04/2010
5+7 – exercice des surréalistes
Ecrire un texte entre 5 et 8 lignes.
Souligner tous les 5 mots
Les chercher 1 à 1 dans le dictionnaire et les remplacer par le 7ème mot suivant.

La musique était si entrapercevoir. Les rires semblaient si gaillardise. A travers la porte déambulatoire cette petite maison de villégiaturer filtraient des éclats de jointoyer et de vie.
Lorsqu’éloge passa devant cette liesse, Algarade s’arrêta et ne put emperler d’écouter un instant.
Eloge s’amusa à distinguer les homochromies des femmes, les générations mélèze. Saisie par une envie irrespect, elle déclencha, de son indicatif, le carillon.

Les mots supprimés : entrainante – gais – de – village – joie – elle – Alex(andra) – s’empêcher – Elle – hommes – mêlées – irrépressible – index

Exercices pour débloquer l’imaginaire et faire la nique à la page blanche #2

Atelier du 15/04/2010
Ecrire sans lever le bras, sans réfléchir

n°1:
Rien n’accroche à l’arbre joyeux et jaillissant. Les joueurs merveilleux écoutent la blanche torpeur des heureuses années. Elle avait appris la belle histoire de sa grande source et la fille de l’aurore pourtant ne venait jamais ouvrir le cœur des ombres de la pluie. La douce vie des arbres accrochée aux sources de l’amour d’antan et le passé gommé de rien non plus. Pourtant il fallait pouvoir se laisser guider à la quête des lourdes ardeurs tendues au sol de jade. Jaspe, joie et jardin les mots de sa vie, de son amour et la longue attente.
(NB : pendant l’écriture, ma tête a dit vouloir et ma main a écrit pouvoir)

n°2:
Accroché à la lune de la vie sourde et lourde de chaleur inégalée sa voix sombre et transporte les spasmes aigus du fond de la gorge râpeuse et dévoyée par la corde. Il peut avoir la longue liberté du voyage éternel le pauvre abandon de la pluie aigre de neige verte et lourde selon la peur du vide de sens et la langueur des océans bruts. La pluie et le soleil face à face avec soi-même et le stylo qui brunit la langue éparse du monde. Le libertin purifie sa liberté par le fil du rasoir pincé de lourde stupeur.

Exercices pour débloquer l’imaginaire et faire la nique à la page blanche #3

Atelier du 15/04/2010
Ecrire d’après quelques mots piochés dans une autre œuvre.
Le Yi-King – Hexagramme 14 – TA YEOU – LA RICHESSE
Le feu au dessus du ciel.
L’homme noble réprime le mal
Et favorise le bien
Dans l’esprit des lois divines.

Lumière de l’esprit.
Chaleur de la bonté.
Le beau attire les belles âmes et rayonne sur les hommes qui le rencontrent.
Vénérable et bénéfique influence du bien.
Caresse le cœur de celui qui le garde ouvert, offrant et recevant en retour.
Soleil de sa propre vie il sème et récolte, source intarissable, terre fertile où chaque graine porte ses fruits, couleurs, goûts et senteurs sont infinies et transportent.
Inspiration soufflée par une source tranquille cachée de nos yeux humains perdus dans le sens et n’écoutant pas nos sensations, peur de la brûlure, souffrance de la noyade.
Caricature de création soufflée par des idées reçues ineptes et creuses, vidées d’avoir été trop utilisées, vidées d’avoir été abusées, tordues, disproportionnées, armées contre la parole des ennemis crachés. Souffrance du vide. Peur du vide, mais peur de l’inconnu et du jugement infécond des imbéciles ineptes peureux eux-mêmes de se voir dépassés. Bafoués de la présence de leur frère, seuls dans leurs vacuités quotidiennes ils n’apportent rien, ne produisent rien, ne partagent rien que leur faiblesse.
(NB : alors que le texte partait plein de mièvreries et de clichés, j’avais deux options : m’arrêter là et tout rayer, ou bien continuer en laissant ma plume se libérer comme dans l’exercice précédent. J’ai choisi la deuxième solution et on voit clairement à quel moment mon carcan a cédé, où l’expression est plus libre, en contre pied)

jeudi 1 avril 2010

Conte fantastique

Atelier du 01/04/2010

Suzy avait tellement attendu pour acheter ses bottes, qu’elle choisit de patienter jusqu’au lendemain avant de les porter et de se les approprier véritablement.
Sa nuit fut mouvementée, mais pas insomniaque. Comme une enfant qui ne doit pas se lever de peur de croiser le Père Noël, elle resta dans un état de demi-sommeil qui l’empêcha de se reposer tout à fait.
Par contre, les premières notes de la mélodie de son radioréveil avaient à peine résonné qu’elle était déjà sous la douche.
Là encore elle prit le temps de se réchauffer et de se sentir prête.
Lorsqu’elle commença enfin à s’habiller, elle choisit la plus belle de ses robes : une marque espagnole très en vogue dont tout le monde s’accordait à dire qu’elle semblait avoir été créée pour elle.
Lorsqu’elle se rendit compte de l’heure qu’il était et qu’elle allait être en retard au bureau, elle se servit un café tout en préparant son sac et le but d’un seul coup avant de s’asseoir sur la petite chaise de velours vert occupant le recoin de son entrée à côté du guéridon. Pour s’asseoir elle fut obligée de libérer la place car c’était là qu’elle avait posé le large carton, écrin précieux de son achat de la veille. Elle posa la boite devant ses pieds, en sortir les bottes, caressa doucement la matière qu’elle cru sentir frémir sous ses doigts, et les enfila enfin.
Un mètre soixante dix, en comptant les six centimètres de talon.
Elle sortit, très sûre de son allure. Elle se sentait plus svelte, plus belle, plus remarquable que tout les femmes qu’elle croisait. D’ailleurs elle se surprit à virevolter sur elle-même, à esquisser quelques pas de danse, comme pour attirer l’attention sur ses pieds.
Elle allait s’engouffrer dans la station de métro quand quelque chose d’irrépressible lui fit opter pour la marche à pied. Pour sûr elle serait en retard, mais qu’importait, ce n’était pas dans ses habitudes et cette exception ne lui porterait probablement pas préjudice.
Elle commença à se sentir moins à l’aise quand, au bout du boulevard, elle tourna dans la direction opposée à celle qui devait la mener là où elle était attendue : au service des archives, au douzième étage d’une tour anonyme, un endroit où la lumière était artificielle et l’air filtré car les fenêtres étaient toutes sales et condamnées pour raisons de sécurité.
Elle remonta donc la rue d’un pas toujours décidé bien qu’un nœud se forma dans son estomac.
Elle fit un détour par le parc et oublia son angoisse pour se lancer dans une danse légère au milieu du kiosque à musique. Elle n’avait jamais aussi bien dansé que ce jour là, sous les regards amusés et admiratifs de tous les témoins.
Elle pensa un instant à appeler son chef pour lui expliquer qu’elle arriverait plus tard, mais elle se rendit compte qu’elle avait oublié son téléphone portable chez elle.
Elle voulu entrer dans un bar pour passer son coup de fil, mais pas moyen de passer le pas de la porte d’un des établissements devant lesquels elle passa. Elle sentait comme une force de décision supérieure à sa propre volonté qui aurait pris le contrôle de ses jambes.
D’ailleurs, lorsqu’elle jeta un coup d’œil à sa silhouette en passant devant le reflet d’une vitrine, elle eut l’impression que le cuir recouvrait presque ses genoux, alors que dans son souvenir il s’arrêtait juste en dessous.
Pas moyen de faire une pause pour vérifier.
Elle allait de l’avant et marchait comme si sa vie en dépendait.
Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Elle avait le sentiment de perdre le contrôle.
Et la matinée passa ainsi, d’une rive à l’autre, de parcs en fontaines, ses pieds ne perdaient pas une occasion de se faire remarquer… elle prit même le risque insensé de monter sur un parapet à hauteur des yeux des passant, d’un côté un trottoir, de l’autre les 12 mètres surplombaient une voie très circulante sur lesquelles les voitures filaient sans restriction.
Elle sentait tout de même la fatigue l’envahir peu à peu, mis elle n’arrivait pas à contrôler ses pas.
Elle marcha, elle couru, elle sauta, elle dansa, elle flâna, elle déambula, elle piétina… ainsi et autrement aussi jusqu’à la nuit tombée.
Lorsque les réverbères de la ville s’allumèrent, les bottes lui galbaient les cuisses de leur cuir souple mais pressant.
Elle était terrorisée mais incapable de s’arrêter ni même d’appeler à l’aide.
Elle feignit même de se joindre à un groupe de jeunes gens en goguette qui la mena jusqu’à un bal de rue où elle dansa encore pendant plusieurs heures, centre de toutes les attentions.
Quand la musique se fit plus douce, prête à s’éteindre elle reprit sa route, elle tenta de se diriger vers son quartier sauf qu’elle ne reconnaissait rien de l’endroit où elle se trouvait.
Elle discerna qu’à présent le cuir était scellé autour de son corps jusqu’à la taille.
Sa tête commença à tourner, elle avait la nausée.
Portant la main à son cœur elle sentit que la gaine montait rapidement et oppressait déjà ses poumons.
Elle perdit connaissance.

Son radioréveil sonna.
Elle prit sa douche et s’habilla sans hâte.
Elle but son café en finissant de se préparer.
Puis elle s’assit sur la petite chaise de l’entrée pour enfiler ses nouvelles bottes.
Elle risquait d’être en retard…