samedi 9 janvier 2010

Focalisation

Après lecture d'un passage de Lolita de Nabokov.
Vous vous trouvez dans un endroit, vous apercevez au loin un objet/une personne. Décrivez là de loin puis de plus en plus près.


J'étais venue là pour elle.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas visité le Musée Fabre, et cette exposition là je ne pouvais la manquer.
Mucha.
Mon coeur battait la chamade comme celui d'une amoureuse se préparatn à un rendez-vous galant.
Mais où était-elle?
Je savais en pénétrant dans la première salle qu'elle ne pouvait manquer la rencontre.
Comme une enfant gourmande, je m'apprêtais à déguster chaque miette de l'exposition... jusqu'à la cerise.
J'en fut bien inspirée car je découvris des œuvres magnifiques, gigantesques, des études, des esquisses, un artiste! L'art de Mucha! Ainsi il ne se résumait pas aux affiches de théâtre ou aux réclames pour des biscuits.
Un instant je cru me perdre dans le dédale de l'exposition. Que de salles. Que de murs. Que de tableaux.
Mais au détour d'une cloison, mon œil indiqua instantanément à mon cerveau impatient que l'objet de mon désir n'était plus très loin.
De mon point de vue, en pénétrant dans la salle dédiée à la complicité qui avait lié Mucha à la Divine, une immense cloche de verre abritait des tenues de scènes créées par l'artiste et masquait le fond de la pièce..
Sur les premiers murs à la portée de mon regard : "Sigismonda", "l'Aiglon"... partout Sarah Bernardt.
J'étais ébahie... c'était plus grand que dans les livres...
Quelques pas...
et elle...
"Enfin nous" - pensais-je, comme si l'affiche elle aussi m'attendait.
J'avais été sur ces traces jusqu'à Pragues, et la rencontre avait enfin lieu, elle était finalement là devant moi.
La Dame aux Camélias.
Je n'ai pas eu besoin d'en lire le titre pour la reconnaitre.
Je me suis rapprochée.
Je me suis postée en face d'elle, le plus loin possible pour la voir dans sa globalité, et mon esprit incrédule a lu, une lettre après l'autre.
L a D a m e a u x C a m é l i a s.
Sous les lettres, une chevelure abondante, une fleur mettent en valeur un visage fier.
La posture. Le visage. Magnifique.
Le visage encore. Mon regard a du mal à s'en détacher.
Un ou deux pas en avant.
Mémoriser chaque trait, chaque couleur.
Les courbes gracieuses, les doux enchevêtrements, les fleurs odorantes.
J'aurais pu rester ainsi bien longtemps, si une petite main ne s'était glissée dans la mienne et ne m'avait tiré vers sa petite hauteur pour me souffler... "Maman? C'est qui elle?" Et ses adorables billes bleu-mer fixaient avec admiration le même point que moi.

(vous croyez que c'est héréditaire la dame aux camélias?)


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